Résumé
Imaginons un écrivain, solitaire perché au sommet d'une montagne, redescendre peu à peu parmi les vivants, en l'espèce les citadins. Bientôt, il s'installe lui-même en ville. Il continue de vendre ses ouvrages mais pas assez. Il se tourne vers l'Université, cherche à travailler dans le département de Lettres. Puis, de guerre lasse, il se lance dans la publicité. Cet écrivain, c'est toi. Et c'est à toi que Lars Iyer, lui-même professeur d'Université mais pas encore publicitaire, s'adresse. Il dresse ton portrait, toi qui consultes Wikipedia et tweetes une pensée bien sentie sur l'une des préoccupations du moment. Tu n'en restes pas moins prostré devant la page blanche du “Nouveau document” que tu viens d'ouvrir. Tu n'es rien si tu ne vends rien. Tu n'es qu'un maillon dans le marché de l'écrit et, plus encore, dans la mondialisation. Tu dois avaler un cadavre, celui de la littérature. Dans un monde où il n'y a plus rien contre quoi s'opposer, la littérature a perdu deux piliers : la tragédie et la révolution. Mais pour les écrivains d'aujourd'hui, elle n'inocule pas moins son virus, qui serait de tout voir, ressentir, aimer à travers son prisme, à l'exemple du narrateur du Mal de Montano de Vila-Matas. Mais depuis ?
À ceux qui ne peuvent s'empêcher de griffonner des mots ou de les taper, Lars Iyer donne quelques tuyaux : résister au chef-d'oeuvre (nécrophilie), reconnaître son rôle (imposture) et, surtout, assumer son idiotie (autodérision). C'est remarquablement envoyé, incroyablement piquant et... hautement stimulant.