Un coupable presque parfait
Pascal Bruckner
Résumé
On se battait hier au nom du prolétariat, du Tiers-monde et des damnés de la terre ; on condamne aujourd’hui l'homme blanc, coupable du colonialisme, de l’esclavage et de la domination des femmes. Trois discours – néo-féministe, antiraciste et décolonial - le désignent comme l’ennemi commun de l’humanité. Il est devenu le nouveau Satan, celui que son anatomie même désigne comme violeur ontologique, sa couleur de peau comme raciste, sa puissance comme exploiteur de tous les « dominés » et « racisés ».
Tout l'enjeu de cet essai est d'analyser comment, sous l'impulsion d’une américanisation caricaturale de l’Europe, la lutte des genres et celle des races sont en train de remplacer la lutte des classes, de balayer la méritocratie et de détruire l’idée d’humanité commune. Faire de l'homme blanc le bouc émissaire par excellence, ce n’est jamais que remplacer un racisme par un autre ; avec, comme horizon funeste, des sociétés tribalisées, crispées sur leur trésor identitaire et en proie à la guerre de tous contre tous.
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