Née en 1902 à Paris, issue de la haute noblesse française (en droite ligne du marquis de Sade) et d'une famille de banquiers juifs allemands dont elle est l'unique héritière, Marie Laure Bischoffsheim formait, avec le vicomte Charles de Noailles qu'elle épouse en 1923, l'un des couples de mécènes les plus flamboyants du XXe siècle. Ils soutinrent l'avant-garde littéraire et artistique du début des années 1920 à 1970, finançant plusieurs projets cinématographiques (dont Les Mystères du château de Dé de Man Ray, Le Sang d'un poète de Jean Cocteau et L'Âge d'or de Luis Buñuel ), achetant les manuscrits de René Char, Robert Desnos ou Georges Bataille et rassemblant une très importante collection d'œuvres d'art tant anciennes que modernes. De leur hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris au Clos Saint-Bernard, dit villa Noailles (réinvestie aujourd'hui en centre d'art d'intérêt national), ils ne cessèrent ainsi d'élargir la définition du mécénat en en explorant toutes ses formes.

Parallèlement à son rôle de bienfaitrice, Marie Laure de Noailles fut l'autrice d'une œuvre étonnante, aujourd'hu oubliée, mêlant poésie, fiction et essais littéraires. La Chambre des écureuils, peut-être son roman le plus abouti, écrit en 1946, a été publié en 1955. Dans ce texte, que l'on a pu comparer à Bonjour tristesse, elle romance en rebelle une adolescence confite dans un univers néoclassique italien. D'une élégance toute poétique, La Chambre des écureuils excelle à créer une atmosphère emplie de soleil, de mélancolie et de solitude.

Les éditions Seghers et les éditions 7L (créées par Karl Lagerfeld en 2001), à l'initiative et avec la collaboration étroite du centre d'art villa Noailles, entreprennent aujourd'hui de republier cet ouvrage dans une édition de luxe (sur beau papier, reliée, cartonnée, entoilée) à l'occasion du centenaire de la villa Noailles et du lancement du 38e Festival international de mode, de photographie et d'accessoires le 12 octobre 2023.