VIGNE D'OCTON, un utopiste contre les crimes de la République
Marie-Joëlle RUPP
Résumé
Ainsi écrivait Paul Vigné d’Octon, cinquante ans avant Martin Luther King.
Né à Montpellier en 1859 et mort à Octon (Hérault) en 1943, il était médecin de la Marine. Ayant servi en Afrique en pleine période d’expansion coloniale, il a été le premier à porter à la tribune de l’Assemblée nationale le récit des massacres perpétrés par les armées coloniales et ses supplétifs.
Député de l’Hérault, conseiller général du canton de Lunas, maire d’Octon, il se bat sur tous les fronts des avancées sociales tout en poursuivant une carrière d’écrivain – romans régionalistes et enquêtes journalistiques. Las de ne pas être entendu, il se fait pamphlétaire pour brocarder tout autant les abus de pouvoir dans les colonies que les impérities des services de santé durant la Première Guerre mondiale dont il révèle maints scandales. Au début des années 1920, il abandonne la politique pour se consacrer à la propagation des doctrines naturistes et de la psychanalyse, alors peu connue. Utopiste, visionnaire, un demi-siècle avant Césaire, il a mis l’accent sur le « choc en retour de la colonisation » qui corrompt et avilit tout autant le colonisateur que le colonisé. Acteur et témoin, il apporte à une période cruciale de l’histoire de la République un éclairage unique sur les mœurs parlementaires et les questions-clés de son temps qui restent plus que jamais d’actualité.
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